Un des acquis de 1986 que, sans nul doute personne ne voudra négocier, demeure la liberté d'expression. L'Haïtien ne permettra sous aucun prétexte que soit remis en question sinon bafoué, son droit à la parole, c'est-à-dire à parler, émettre son opinion sans contraintes sur un fait donné qu'il relève du domaine politique, économique, social ou culturel. Bien évidemment, on ne fera pas abnégation des différentes tentatives par les gouvernements qui ont succédé les Duvalier de prendre le contrôle du pouvoir de la parole, car avant tout la liberté de la parole touche à une question centrale qui renvoie à la question de l'Etat. « Libérer la parole » c'est avant tout soumettre l'exercice de l'autorité de l'Etat à l'appréciation des acteurs qui ne relèvent pas directement de l'Etat ou tout bonnement qui n'ont rien à voir avec l'Etat en tant que tel. Nous admettons l'inviolabilité du droit à la parole, car non seulement il est garanti par la loi mère : la constitution de 1987, mais aussi et surtout il se trouve enraciné dans la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen, en son article 19.
Toutefois nous voulons rester prudent, compte tenu de l'importance du droit à la parole, de son caractère éminemment politique, en d'autres termes de la fragilité de son utilisation, ne devrait-on pas envisager des balises pour éviter que son exercic plein et entier ne conduise à des effets pervers, en l'occurrence que des gens ou des acteurs n'abusent de l'usage de la liberté d'expression à des fins de destruction du vis-à-vis, de l'autre autrement dit dans une situation d'interface. En d'autres termes quels sont les moyens dont un individu dispose pour combattre les effets pervers- je veux ici parler des dérives dénigrantes relevant de la jouissance et de l'exercice de ce droit, mais pouvant par le fait même, déranger, avilir et même faire violence sur le vis-à-vis- du droit à la parole, à titre d'exemple le dénigrement, l'avilissement sous des bases mensongères et qui fondamentalement ne visent qu'à détruire un individu ou de manière plus large un groupe d'individus qu'un ordre moral conteste sous la base des valeurs auxquelles il décide de s'adhérer. En ce sens là, ne faudrait il pas équilibrer le droit à la parole du droit à l'existence digne et honorable de tout individu, car en même temps que le droit à la libre expression libère la parole elle peut aussi réduire au silence, tuer, anéantir le droit de citer de ceux qui font l'objet de manipulation, de propagande déloyale, car jusqu'à date les moyens pour combattre les procédés manipulatoires, de dénigrement sont quasiment inexistants, risques évident d'être utilise contre l'autre.
L'intitulé de mon texte suscite explicitement une vive curiosité, sinon une pertinente objection sur les possibilités de dénaturer, de pervertir la liberté d'expression à des fins de destruction de l'autre. A titre d'exemple, nous allons prendre un cas d'actualité assez récente et qui défraie la chronique, à savoir celui de la désignation de Michele Pierre-Louis pour remplacer Jacques-Edouard Alexis à la primature dans un contexte assez précaire de faiblesse de l'Etat, pour montrer combien sont nombreuses les possibilités de se recouvrir de la liberté d'expression dans le but de dénigrer, de détruire l'autre.
En effet, Michele D. Pierre-Louis vient d'être désigné par le chef de l'Etat pour remplacer le Premier ministre sortant Jacques Edouard Alexis à la primature. La désignation de Madame Pierre-Louis survient non seulement dans un contexte politique mitigé ou se fait sentir une faiblesse sinon un certain laxisme dans l'affirmation de l'autorité de l'Etat, de surcroît elle doit relever un défi majeur, celui pour une femme, je dis bien et je sais pourquoi j'insiste sur le genre, de devenir premier ministre dans une société à base patriarcale, mais surtout elle doit se distinguer là ou deux hommes ont avant elle échoué, je parle à juste titre des précédents choix de Ericq Pierre et de Robert Manuel, devant le mur que représente le bloc CPP. Qui est Cette Dame dont la politique nous dévoile tout de go ?
Michèle Pierre-Louis est une Dame de la Grande Anse, issue d'une famille de la bourgeoisie paysanne – dotée d'une sensibilité sociale très favorable à la cause des plus démunis, des dépossédés devenus pauvres - qui dans le milieu Haïtien est mieux connue comme une intellectuelle hors paire, une femme philosophe militante. Vraisemblablement elle a fait le choix de vivre et de servir son pays. Elle a une illustre et brillante carrière professionnelle que le mérite a couronné par la gestion d'une fondation qu'on appelle Fokal (Fondasyon Konesans ak Libète) qui œuvre dans la promotion de l'éducation, la culture et les droits humains.
La fondation a bénéficié dans un premier temps du support unique de Georges Soros, un milliardaire philanthrope Américain qui finance les actions de OSI (Open Society Institute), cette organisation vulgarise la pensée philosophique de Karl Popper. Aujourd'hui, l'institution se fait un nom dans le milieu, jusqu'au point de mériter le respect de certaines institutions bailleuses, dont L'UE et L'USAID avec lesquelles Fokal a réalisé ou réalise de nombreux projets. Madame Pierre-Louis est avant tout une dame de terrain, elle a visité quasiment tout le pays, je ne parle pas ici de visites touristiques, mais de présence et surtout de visites de travail avec les organisations populaires de bases dans les zones rurales, les quartiers populaires de Port-au-Princes et des provinces, les leaders communautaires, les acteurs intervenant dans le développement local etc.
Pas la peine de vous dire que c'est une dame qui s'y connaît en développement, mais aussi qui est connue valablement pour ses actions de développement dans le sens durable. Allez ici et ailleurs du pays, on en dira pas mal, sinon mieux, et plus encore. Faut il relater que grâce à ces efforts, aujourd'hui, le pays est doté d'un réseau de bibliothèques de proximité reparties à travers le pays entier, une façon de combler le vide laissé par la fameuse « pauvre bibliothèque nationale». Rendez moi fou ou sage, on peut contester l'impact de certaines de ses actions, mais aucun de ceux qui la côtoie ne peut nier les nombreuses bourses accordées aux étudiants talentueux, qui n'était ce ses actions, devraient vivre plusieurs années sabbatiques après le bacc II, j'en passe. Mon objectif n'étant pas de couvrir d'éloge la madame, ce qui en tout cas ne serait pas trop démérité, sinon de dire même succinctement qui est la première ministre désignée.
En réalité, rien de ceci n'était connu de tous avant sa désignation, cela restait l'apanage d'un petit groupe de gens, autrement de ceux qui ont l'habitude de collaborer avec elle ou la Fokal dans un cadre plutôt institutionnel. Au fait, je n'ai pas révélé un quart de ce que la dame fait qui rend service non seulement à des familles restreintes, mais aussi et surtout au pays tout entier. Je prends ma responsabilité de citoyen pour dire de façon énergique que cette dame mérite le palme d'or et c'est à mon humble avis un choix suicidaire qu'elle fait de se lancer dans la politique active, car la politique active haïtienne depuis un temps n'est que l'apanage d'affairistes et de gens mafieux. Une politique tournée vers la corruption illimitée. En d'autres termes, ce ne sera pas un combat facile de se démarquer des pratiques conservatrices et mesquines qui marchent avec une politique dépravée ou une économie politique de la corruption. Cela va de soi, c'est un combat redoutable, de longue haleine, néanmoins un combat pour une cause juste et salvatrice, le combat pour sortir le pays de l'emprise de la misère infrahumaine due a la volonté de piller, la velléité malhonnête d'un petit groupe d'accapareur qui ont pendant plus de deux cents ans entravé, piégé, dévié le pays de son réel voie du développement.
Combattre cet ordre statu quo, virer le vent, croyez moi, est à juste titre l'affaire de gens de la trempe de Madame Pierre-Louis, et de quelques rares autres, ils sont là il suffit de les dépister, ceux qui ont l'habitude de discuter avec elle savent combien elle se dévoue, combien elle s'engage, milite pour la renaissance d'une Haïti de fierté, de grandeur et de prospérité. Tout ceci c'est pour dire que la volonté de servir le pays ne manque pas de circuler dans l'âme de cette madame comme la hargne de vaincre qui anime le grand sportif. Je crois fermement que le pays doit se lever pour honorer une dame que l'histoire veut rendre hommage pour avoir fait le juste choix d'accompagner le pays, son pays dans sa longue, pénible, énergique bataille pour ne pas perdre la face, sinon garder la face dans un contexte international hostilement hypocrite, mais surtout où certains haïtiens refusent catégoriquement de croire et d'utiliser leurs propres forces et les propres moyens de développement.
Je demeure convaincu que Madame Pierre-Louis est une des rares qui choisissent de rester et de travailler à leur façon pour le redressement de la fierté de cette Haïti qui jadis était une référence historiquement acceptée, un symbole de la fierté de la race noire. Aimé Césaire aurait dit à juste titre « Haïti ou la négritude se met debout pour la première fois, et dire qu'on croyait en ton humanité ».
Au fait, je ne suis pas entrain de garnir le palmarès de madame Pierre Louis, mais pour la vérité et pour l'avenir de nos jeunes haïtiens, en quête de modèles en termes de professionnalisme, d'éthique, de leadership et de responsabilité sociale, il faut arrêter de détruire sous prétexte d'informer ou d'exercer le droit a l'expression gratuitement libre.
Il n'en demeure pas moins évident qu'un secteur cherche à tort ou à raison à créer une confusion autour de la personnalité d'intégrité avérée de la première ministre désignée en voulant mélanger ce que le sociologue Allemand Max Weber distingue bien dans son texte intitulé le savant et le politique « éthique de conviction et éthique de responsabilité », de détruire, non pas Madame Pierre-Louis elle même mais plutôt la fonction de première ministre qu'elle est appelée à exercer qui en toute vraisemblance ne se rapporte en rien à sa vie privé stricte, d'ailleurs c'est dans la loi mère, et elle seulement que sont fixés les critères pour que quelqu'un devienne chef du gouvernement (voir la constitution de 1987 en son article 157 alinea)……. Cette manœuvre ne peut être assimilé à tout un chacun, si ce n'est quelqu'un ou un groupe de gens qui se sentent piqués de nostalgie par la désignation de la dame. Et je pense que ce groupe se trouve a court d'arguments s'il se réfère à la spéculation gratuite sur la vie privée des gens pour parler de choses n'ayant rien aucun rapport de causalité. Madame Pierre Louis n'a rien de immoral comme certains voudraient le faire entendre. D'ailleurs, je me demande de quelle moralité s'agit il, sinon qui a le mérite de parler de moralité maintenant. Je veux par là demander si la moralité dont on parle ne devrait s'appliquer qu'à la madame. Et de quelle morale parle t'on? La pauvreté est-elle donc plus morale que la dignité ? L'irresponsabilité sociale est elle donc plus morale que la volonté de servir son pays de façon éthiquement responsable ? Tant que ces réponses restent pendantes, je serai en mal de voir de quoi ces gens voudraient parler en faisant allusion à la moralité. Je pense que cette référence à la moralité suscite matière à démystifier, loin de servir la cause de justice sociale dont certaine gens veulent défendre, elle cherche plutôt à dénigrer, à vilipender en vue de maintenir un ordre de statu quo.
Pour asseoir notre affirmation nous voulons faire appel à un auteur sociologue Américain dans son illustre texte intitulé « rites d'interactions » à travers lequel il pose le problème de perdre la face par rapport à faire bonne figure à partir de l'analyse des éléments rituels qu'il considèrent comme inhérents aux interactions sociales, Ervin Goffman dit ceci que je pense être justifié et très applicable à cette vague de dénonciation prétendument moralisante sur Madame Pierre-Louis, laquelle dénonciation que personnellement j'assimile à de la pure plaisanteries , Goffman en ce sens avance à juste titre « Les plaisanteries et les farces ont souvent pour but d'amener une personne à faire mauvaise figure » Certainement, il faut voir dans cette manœuvre dénigrante une volonté de détruire la réputation de Madame Pierre-Louis qui est enviable en raison, je présume, du fait qu'elle avait choisi d'agir politiquement responsable en lieu et place de parler politiquement démagogique. Donc, un fait est certain, dans cette vague vilipendant la première ministre désignée, quelqu'un ou un secteur cherche à porter madame Pierre Louis à faire piètre figure en vue d'essayer de la contrôler, sinon l'affaiblir en vue de la dominer.
Nous comprenons fort mal que l'on ne puit attendre l'étude des pièces de Madame Pierre-Louis au niveau des deux chambres, pourquoi voudraient on survoler l'étape de la déclaration de sa politique générale, ceux sont à mon humble avis les moyens légaux de contester le choix d'un présupposé chef de gouvernement selon la constitution de 1987 jusqu'ici en vigueur dans le pays. Cette fuite en avant sur la morale de la première ministre désignée laisse entrevoir une volonté de détruire, sinon de réduire la madame au silence, cette manœuvre vise à la salir pour que ces proches et ses supporteurs la contraignent à abandonner, ceci n'est à mon avis pas différent de se munir d'une arme à feu et de tirer sur la dame pour la contraindre à l'abandon. C'est fondamentalement pourquoi je parle de dénigrement comme une arme, même quand symbolique, mais encore plus efficace qu'une arme physique ; car l'arme symbolique a ceci de particulier qu'elle est hyper efficace et qu'elle ne laisse pas de trace.
Par ailleurs, je pense que Madame Pierre-Louis est sur le point de se battre, mais ce combat n'est pas son combat propre, c'est de préférence le combat de tous, le combat du droit contre le totalitarisme, le combat de la liberté contre la séquestration, le combat d'une perspective de développement contre une culture de pauvreté mystificatrice. Somme toute le combat pour une nouvelle Haïti qui se prend en charge tout en privilégiant les initiatives d'une bonne coopération internationale qui respectera les prouesses glorieuses de nos aïeux. Ce combat est notre, et nous de pouvons pas laisser seulement à madame Pierre Louis le soin de mener ce combat salutaire pour le bonheur de tous et de toutes. Cette arme qu'on veut utiliser pour anéantir Madame Pierre-Louis risque de nous anéantir collectivement, c'est pourquoi je veux croire qu'il nous revient de le refuser collectivement et unanimement. « AYIBOBO pou sila yo ki kwè nan grandè peyi D Ayiti. »
Shiller JOSEPH
3 comments:
Je suis tout a fait d'accord avec Schiller. Car dans ce pays on ne fait que denigrer les autres. Ces soit disants patriotes "moraux" ne font que calomnier, detruire. En tout cas quoiqu'il advienne, Madame Pierre Louis restera au dessus de tous ces fantasmes d'apprentis ecrivains qui profitent d'une circonstance si importante de notre pays pour se faire voir du grand public (shame on them!)
Courage Mme Pierre Louis
Chapo ba frero, tu n'aurais pas pu mieux dire. Alors engageons-nous tous dans ce combat.
Schiller, tu as dit vrai, tres bien articule et aligne tes penses si nobles. Cette liberte acquise doit incontestablement nous amener a nous exprimer sur Mme Pierre Louis pour qui j'ai un grand estime pour simplement ce qu'elle est, a fait et demeure pour nous, amis et copatriotes de cetter terre qu'est Haiti! Vive cette liberte, A bas la mediocrite!
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