Monday, July 21, 2008

Pourquoi pas une opposition officielle réelle ?

Je commence à constater ces derniers temps un levé de boucliers des leaders politiques qui se sont tus sur la gestion du gouvernement de Préval-Alexis; c’est comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes lorsque leur parti était représenté au sein du gouvernement. Maintenant que le Président Préval annonce son intention de ne pas inviter les membres des partis politiques au sein de son prochain gouvernement, des signaux clairs sont lancés par certains partis qui auraient été plus utiles, à mon avis, dans une opposition véritablement démocratique. Le comportement des députes de l’OPL et de la Fusion lors du vote du 17 juillet explique clairement « la discipline » des ces derniers à respecter le consigne d’abstention de leur parti politique en vue de démontrer leur éventuelle capacité de faire capoter le processus de ratification au niveau du sénat.

Pourquoi ce comportement qui risque de fragiliser la ratification tant attendue pendant trois mois ? Or, à ce stade la constitution est sans équivoque ; le vote est technique, ceci revient à dire sans dilatoire : ou bien on est éligible ou bien on ne l’est pas, point à la ligne.

Puis-je considérer ce comportement comme de la maturité politique de la part de ceux qui jadis ont manifesté leur volonté de faire avancer le processus afin de faire sortir le pays de la crise gouvernementale? L’entente avec la présidence a-t-elle foiré ? Si oui pourquoi ? Est-ce un simple appel du pied pour dire à Préval qu’on veut toujours des ministères et qu’en retour on laisse la gestion du pays sans opposition démocratique ?

Si le processus se trouve arrêté au sénat : que va-t-il se passer ? Allons-nous assister à un bras de fer entre la présidence et les partis politiques ? Tomberons-nous dans l’instabilité politique que le Président a voulu éviter, comme si l’opposition ne faisait pas partie du jeu démocratique et l’aurait empêché de gouverner ? Pourquoi le Président avait-il peur d’une opposition des partis politiques les plus « influents » ? Pourquoi, maintenant, ces mêmes partis jouent-ils ce petit jeu politicien pour éviter d’être dans l’opposition ?

J’ai toujours cru et je crois encore que l’opposition constitue l’un des piliers de la construction démocratique car elle représente : un contre-pouvoir réel, un moyen d’inviter les dirigeants au pouvoir à faire mieux par des critiques censées, un espace pour faire valoir les projets de société, une école qui vivifie les débats contradictoires, le gage de l’alternance politique…

Pourquoi ce petit jeu qui consiste à tout bloquer si on ne fait pas partie du gouvernement ? Pourquoi on ne s’organise pas afin de prendre démocratiquement le pouvoir par les urnes ? Pourquoi quémander des ministères ?

Pourquoi pas une opposition officielle réelle ?

Qu’en pensez-vous ?


Réal Chérizard

21 Juillet 2008

Friday, July 18, 2008

Et le Combat Continue...


Après le vote écrasant de la Chambre des Députés (61 pour, 20 abstentions et 1 contre) en faveur du choix de Mme Michèle D. Pierre-Louis comme futur Première Ministre, on se demande maintenant comment cela va se passer au Sénat. Un Sénat diminué, à la majorité fragile où une simple abstention ou vote défavorable peut remettre en cause tout le processus. A noter que la sénatrice Edmonde Supplice Beauzile (FUSION) a annoncé sur les ondes de la radio qu’elle votera contre Mme Pierre Louis. Cependant, bien avant d’analyser les scénarios possibles au niveau du Sénat de la République, voyons pourquoi ce vote à la Chambre Basse demeure déterminant.

Beaucoup s’interrogent du manque de débat et d’argumentaires lors de la séance de ratification. On s’attendait à ce que des députés s’en prennent à la Première ministre désignée dans des envolées oratoires et de discours moralisants, sinon pour modifier les résultats, du moins pour marquer des « points » politiques. Ils ne l’ont pas fait. On s’attendait à ce que la décision soit serrée ou du moins que des élus s’écartent du choix de leurs groupes politiques. Ils s’en sont astreints. Ces « bizarreries », si on peut les appeler ainsi, sont très révélatrices d’une certaine discipline politique ou d’un sens partagé du sérieux des enjeux.

En effet un seul député, le protestant Laurore Edouard (UNION), vota contre le choix de la Première Ministre désignée. Les groupes OPL et Fusion se sont abstenus suivant les consignes des Partis et la CPP majoritaire vota massivement en faveur de la ratification. Ce faisant l’OPL et la Fusion espèrent prouver au Président et à la Première Ministre désignée que leurs élus sont disciplinés, respectant les consignes de leur Directoire et que ces même rigueurs seront observées au Sénat où chaque vote vaudra son pesant d’Or. De son coté, en votant aussi massivement en faveur de la Première Ministre, le Groupe CPP espère que le Président et Mme Pierre Louis sauront respecter leurs promesses de ne pas inclure les autre Partis au sein du nouveau gouvernement. La situation est qu’il n’existe pas de CPP au Sénat et pour réussir, M Preval et Mme Pierre Louis devront compter avec Fanmi Lavalas, L’AAN, l’OPL, la Fusion, l’UPDN et LESPWA.

La CPP de son coté va suivre ces négociations avec intérêt pour voir si oui ou non les deux plus haut placés de l’Etat tiennent parole. Car dépendamment des ententes trouvées avec des Sénateurs et les Partis Politiques représentés au Sénat, la CPP aura à reconsidérer sa position éventuellement lors de la Déclaration de Politique Générale de la Première Ministre désignée. Avant d’arriver jusque là des ententes et autres considérations politiques doivent être trouvées au Sénat à cause de son fragile quorum.

La séance à la Chambre des Députés prouva, si besoin était, que nos élus peuvent transcender les rumeurs et calomnies pour se hisser à la hauteur des enjeux réels. Nous trouvons un peu regrettables les techniques dilatoires utilisées par les groupes Fusion et OPL à la Chambre Basse, mais nous comprenons que la politique se décide à partir des rapports de force et de jeux d’intérêts. Pensez-vous que les Sénateurs imiteront leurs collègues de la Chambre Basse et baser leurs décisions sur les prérequis constitutionnels? Comprennent-ils que cette population qui souffre a besoin de solutions pratiques à leurs maux quotidiens? Risqueront-ils de rejeter le vote des Députés sur des bases autres que celles prescrites par la constitution en se référant à des rumeurs et montages politiques ? La question étant de trouver un compromis ou chaque partie doit accepter de perdre un peu afin que tout le monde gagne. Faites nous donc part de vos opinions et commentaires.

Frantz F. Telfort

Wednesday, July 9, 2008

Débat sur les grands chantiers (Partie I)

Le premier ministre désigné devrait bientôt recevoir ou non l’aval de la chambre basse, je pense qu’il est temps de lancer les débats sur les multiples et pharaoniques chantiers qui attendent le premier ministre dans les semaines et mois à venir. Au cours de ce texte, je veux que vous reteniez le fait que tous les problèmes que confrontent la société haïtienne sont liés et qu’aucune solution ne pourrait être adressée en vase clos à un secteur d’activité donné.

Quels sont les grands chantiers qui attendent le futur premier ministre? Quelles sont les solutions possibles pour aborder et résoudre les problèmes de notre société de manière durable? Je vais essayer dans la mesure de mes capacités de placer le débat autour de ces questions.

Quels sont les grands chantiers nationaux?

Dans un pays en lambeaux comme le notre, choisir les grands chantiers n’est pas chose facile tant qu’il y a à construire, cependant, nous pouvons toujours choisir les priorités auxquelles s’attaquer. Quelles sont nos grandes priorités ? Cette liste non-exhaustive peut être considérée comme des urgences nationales par où tout gouvernement devrait commencer par :

  • La crise alimentaire
  • La crise énergétique
  • L’insécurité (banditisme)
  • L’éducation (rentrée des classes)
  • La corruption (contrebande – pratique mafieuse dans l’état et le privée – trafic d’influence)
  • Les problèmes de gouvernance et de gérance des institutions de l’état.

Ces quelques problèmes de la vie nationale que j’ai pu trier d’une liste longue et interminable de maux qui rongent la société haïtienne sont intimement liés les uns aux autres. Je vais essayer d’analyser chaque cas et d’ébaucher des solutions à ces problèmes. Je dois noter, au passage, que la recherche de solution à tout problème, doit poser les causes profondes du problème (ce que les américains appellent « The Root Cause ») au lieu de s’attaquer aux symptômes.

I – La crise alimentaire

La crise alimentaire est apparue dans l’actualité au cours du mois d’avril avec les spectaculaires émeutes de la faim qui ont sévèrement touchées la ville des Cayes et Port –au – Prince. Ce qu’on a passé sous silence c’est que la crise alimentaire est un problème de taille dans le pays depuis au moins 1992 (pendant la période de l’embargo et du coup d’état).

Quelles sont les causes de ce problème?

En commençant par les moins profondes au plus profondes des causes, je peux citer les éléments suivants :

1) La hausse des prix sur les marchés internationaux

2) La dépendance du pays aux produits alimentaires importés (Riz, haricot, mais, viande et autres)

3) Très peu ou absence d’intervention de l’état dans le secteur

4) Une agriculture rudimentaire et artisanale

5) Absence de crédit agricole

6) Zone irrigable non irriguée ou zone irriguée mal entretenue (rivière asséché à cause de la coupe des arbres sur les basins versants)

7) Système agraire inadéquate à la production de masse

8) Quasi absence d’élevage industriel ou même semi-industriel

Comment résoudre ces problèmes?

Réforme agraire et gestion des terres cultivables

Le point 7 de la liste des causes de la crise alimentaire peut être considéré comme l’une des racines du problème. L’agriculture nationale ne pourrait jamais se remettre sans une réforme agraire qui établira un système agraire qui peut supporter et encourager la production de masse capable de nourrir bientôt 10 millions de bouches. Une formule de réforme agraire devrait être trouvée dans le très court terme pour pouvoir mettre en valeur les terres agricoles dans les grandes plaines et les vallées du pays. D’un autre coté, il faut penser à geler les constructions en cours sur les terres cultivables et irrigables des plaines avoisinantes de nos grandes villes, comme la plaine du cul de sac, la plaine de Léogâne, la plaine des cayes et la plaine du Nord.

L’une des solutions pour la réforme agraire serait de créer des fermes agricoles qui seront gérées par des coopératives de petits agriculteurs. La terre ainsi que les moyens de production seraient dans ce cas la propriété de la coopérative en question. D’autres solutions sont aussi à imaginer et à implémenter pour résoudre le problème foncier qui reste une entrave majeure au développement de l’agriculture.

Créer et promouvoir des filières d’élevage industriel

Avec des moyens modestes, la filière d’aviculture peut rapidement prendre de l’essor et produire les produits avicoles que nous avons besoin pour la consommation locale. Qu’il s’agisse de poulets de chair ou de pondeuses, l’aménagement d’une ferme avicole ne demande pas beaucoup de temps et d’argent. Les élevages porcins, bovins doivent être aussi améliorés et des experts devraient étudier les possibilités d’une exploitation industrielle de ces filières.

Irrigation des zones irrigables et amélioration des systèmes d’irrigation existants

Il faut aménager des systèmes d’irrigation dans les plaines irrigables et restaurer les systèmes d’irrigation existants actuellement. Étant donné que certaines rivières (comme la rivière grise en plaine du cul de sac) sont presque à sec lors de la saison sèche, il faut agir sur deux axes pour garantir l’irrigation des plaines qui dépendent de ces rivières. Le premier, et c’est une urgence, il faut puiser l’eau de la nappe phréatique avec des pompes pour alimenter les systèmes d’irrigations; dans le même moment, il faut lancer une campagne de reboisement dans les bassins versants qui alimentent ces rivières pour permettre une stabilisation au niveau d’eau même en saison sèche.

Le problème de déboisement (voir de désertification) de nos montagnes ne peut pas être séparé du problème de faible production agricole. Je préconiserais un reboisement intelligent qui se fera dans une logique agro forestière, ou les arbres à planter seraient des arbres fruitiers : manguiers, avocatiers et autres suivant les régions et les terrains. Remplacer les cultures vivrières à flanc de montagnes par des plantations de manguier, d’avocatiers et d’agrumes (comme le citron, l’orange ou la pamplemousse) permettra aux paysans d’avoir accès à une source de revenus tout en protégeant l’environnement.

Crédit agricole

Réformer l’agriculture suppose la possibilité pour les agriculteurs d’avoir accès au crédit auprès des entreprises financières comme les banques ou les agences gouvernementales, restaurer la logique du crédit agricole dans le cadre d’un vaste plan de réforme et de relance de l’agriculture devrait être l’une des priorités du nouveau gouvernement. Le crédit agricole ne devrait pas être assimilé à de la charité faites aux paysans mais comme un support financier capable de générer de vraie entreprise agricole à travers le pays.

Moderniser l’agriculture

La modernisation de l’agriculture passe par sa mécanisation dans les grandes plaines (vallée de l’Artibonite - plaine du Nord – Plaine des Cayes – Plaine du cul de sac) et l’établissement de centres de recherche travaillant dans la recherche et la sélection de meilleure semence, la lutte contre les maladies. Permettre l’accès aux engrais, aux insecticides, aux herbicides pour ne plus être toujours tributaire de la nature pour faire une bonne récolte.

Il est clair que le ministère de l’agriculture aura un rôle clé dans la lutte pour résoudre la crise alimentaire. Si cette lutte est bien mené et des solutions fiable sont trouvé pour résoudre le problème alimentaire un foule d’autres problèmes seront résolu par la même occasion. Nous devrions voir les crises comme des opportunités pour résoudre des problèmes et explorer d’autres voies pour la résoudre une fois pour tout le problème de l’autosuffisance alimentaire du pays.

La partie II sera disponible bientôt.

Jean Came POULARD

Analyste Programmeur